Billet

Corpus Christine

 

Le corps de Christine est boudiné, vendu à son cousin, saucissonné dans la lie monodique d’une vie confortable. Chaque matin, elle se réveille la haine au ventre : ce ne sont pas ses enfants consanguins qui la révoltent, mais les gens normaux, les gens qui s’aiment.
 

Quant à son visage grossier, avili par les stigmates de l’intolérance, elle ne le voit même plus tant elle est persuadée être dans la Lumière – et la lumière aveugle. Dis-moi Christine, qu’elle est ta conception du bonheur ? Que signifie, pour toi, le mot spiritualité ? Qu’en est-il de ce concept suranné, fustigé en place publique : l’amour du prochain ?

 

Si j’étais une religion, clame-t-elle, je serais politique. Si j’étais la paix, je serais inquisition. Ce monde est souillé de sorcières, de démons qui s’inventent un martyre : donnons leur satisfaction en les brûlant un à un dans les flammes de l’enfer.

 

Entre deux selles, pour aller mieux, Christine, illuminée, s’imagine un génocide de dauphins. Puis vient l’heure tant attendue de la mise en scène : la miss reçoit des hosties, qu’elle transforme, au fil des jours, en nacre, heureuse bénédiction. Ne serais-tu pas dans l’erreur, très chère créature ? Ce n’est pas de la nacre, qui sort de ta bouche, mais bel et bien des crachats.

 

 
 
 
***
 
Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche. Voilà ce qui rend l’homme impur.
Matthieu, 15.

Texte  craché le 8 janvier 2014
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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Sexy Scribe
juillet 9th, 2014 at 2:55

Très fort, très efficace, et la citation à la fin enfonce le clou.

Non seulement j’aime tes mots, mais j’aime aussi tes idées, tes messages véhiculés.

Je m’éloigne de tes créations pendant une dizaine de jours, mais tu sais, je suis comme le boomerang, je reviens toujours.

juillet 9th, 2014 at 10:27

Ce que j’aime dans la Bible c’est qu’on peut y trouver une tonne de citations qui contredisent ceux qui la brandissent ou sont affiliés à elle par des religions qui ne respectent pas le texte (la religion catholique et ses idoles, pour ne citer que l’exemple le plus parlant).

Je te remercie pour ce commentaire. Il n’est pas courant que je fasse un texte comme celui-ci, beaucoup plus frontal que d’ordinaire mais je me dis que c’est une façon parmi tant d’autres de combattre quelque chose via la fiction, ici une personne qui, si elle se ridiculise elle-même, n’en reste pas moins la figure emblématique d’une possible inquisition.

Profite bien de ces quelques jours loin d’internet ! Et n’oublie pas l’essentiel : ton petit carnet.

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