Un commentaire sur le billet Bon Baiser des Latrines fait renaître en moi des images d’antan, que des spectres d’odeurs accompagnent aussitôt. Latrines : lieu mythique, point de départ de l’homosexualité en tant que « rite » et « mythe » citadin à une époque où n’existaient ni minitel, ni internet, où cette soi-disant « préférence sexuelle » (quelle sublime idiotie, cette expression) était passible de prison. Remembrance, donc : je me souviens quand j’étais enfant : pour aller dans la rue principale du centre ville nous passions devant les latrines du marché couvert. Impossible, alors, de ne pas détecter cette odeur puissante, gênante, si particulière, qui s’échappait des portes en bois vertes pour envahir la rue et avec elle, cette rumeur tout aussi persistante comme quoi des hommes s’y draguaient à certaines heures, s’y accouplaient. Ce mélange, que je trouvais fort curieux pour ne pas dire insolite, me semblait l’exacte synthèse du concept d’attraction / répulsion. Je n’y voyais cependant que Silence, chaque fois que je passais devant, l’esquisse d’un goût de mort.

110714