Billet

Térébenthine

 

Extase des sens, lourdeur du cerveau ouvrant l’opacité d’une journée avortée à gésir sur le canapé, à l’ombre des murs beiges et blancs rayonnants et absurdes. Térébenthine, je te sens, te ressens jusqu’à la moelle et ce que mon cerveau te donne en accès de moi, l’immédiat des sensations, à jamais me semble perdu, paradis nauséeux. Tu ourles le vide, perces l’opercule, réchauffes mes organes lacérés par le silence d’une journée béante et avortée, quid de l’immobilisme, agencement des fantasmes, imposes sans simulacre ta loi odoriférante.
 
Aujourd’hui, Térébenthine, suite à tes méfaits sur les neurones, les synapses, les agencements mentaux ont chancelé et certaines chaînes permettant aux pensées de se développer, de se recouper, de progresser, d’analyser, de comparer, tout comme la propension au corps d’aspirer sa course folle à la vie, tout cela même par ta seule présence se serait brisé, décadenassé, sous le joug puissant de ta chancellerie. La roue de la Fortune s’est déclarée prise au piège dans son arcane terriblement statique, en position 2, harcelée par ton artillerie plus forte que la poudre à canon. Opium des pauvres.

 

Emprise sur le cerveau, lourdeur fatale de l’extase, je retombe enfin. Enfin ?
 
Je suis et demeure en tout état de cause, à cette heure tardive, ton esclave et même si, parfois, tu vacilles, je sais à mon corps pendu et lent que tu es encore là, stagnant, victorieuse, entre les quatre murs du salon, de la salle de bain, comme une menace sourde : je t’ai senti à chaque instant, malgré d’instables courants d’air, faisant vibrer langoureusement ta robe comme un cheval mort au long d’une journée gouvernée par ta seule présence, tes emprises méphitiques et terriblement douces.
 
Térébenthine, tu as cependant ouvert l’angoisse de la page blanche.

 

Texte brodé en 2006 et paru sur un ancien blog : Le Journal Inversé
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Tom
janvier 25th, 2012 at 12:12

Putain j’ai aussi ce même problème avec des douleurs musculaires qui me traversent le corps. je crois que je vais investir dans de l’essence sans odeur parce que les effets de ce produits sont vraiment dangereux.

Tom
janvier 25th, 2012 at 12:13

Oups ! Je m’excuse pour les fautes !

janvier 25th, 2012 at 3:39

Sage décision mon cher Tom.

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