Billet

Tranches de Psy : Murmures d’un indécis

 

Quand je m’assois sur votre sofa, je sais que je ne suis pas assis sur un canapé ordinaire : cette perspective me transporte et m’ouvre l’appétit. Par quoi commencer, en guise d’entrée ?

 

J’ai toujours eu des problèmes quant à la possibilité d’un choix impertinent : l’autoroute pour les heures de grande affluence et le petit sentier pour la promenade solitaire du contemplatif. Sans doute suis-je resté coincé au stade anal. Vous conviendrez que tout cela est banal.

 

Je suis tombé amoureux une fois. Tout d’un coup, le mode vibreur de mon téléphone n’était point vibrant : l’annonce de ses multiples retards, et des nouvelles de plus en plus mauvaises, à répétition. Je suis tombé de haut. De nos jours, on vous pousse au suicide.

 

J’ai commencé à me prostituer car j’étais dans une mauvaise passe. Hélas, je me suis fait passer à tabac, dans une impasse. Je multiplie les carrières avortées mais c’est mieux que de finir enterré dans une clairière, au fond des bois, non ?

 

Ceci dit, je réfléchis souvent à des projets impossibles : par exemple, ouvrir une maison close ; ne sont-ils pas plus savoureux que des projets réalisables : fermer une maison ouverte ?

 

J’ai tendance à me barricader pour être certain d’avoir un garde à manger suffisant, au cas où une guerre civile viendrait à éclater. On n’est jamais libre, même dans un isoloir.

 

Ne vous ai-je pas déjà confié ma peur immense de l’obésité ? C’est un monstre qui me guette à tous les coins de rue, dans l’œil bovin des passants. Je ne suis pas bête : les tablettes de chocolat, c’est plus facile de les dévorer que de les fabriquer à la sueur de son front – et de tout le reste.

 

L’été, j’invite des hommes plus jeunes dans ma couche pour qu’ils se fassent piquer par les moustiques à ma place. Est-ce là une pensée criminelle ? J’avoue avoir une inclination un peu brutale pour les tueurs en série, leur magnétisme désarmant m’envoûte tout autant qu’il m’inquiète.

 

En attendant l’amour, je passe toutes mes nuits avec Madonna mais elle n’en passe aucune avec moi.  Est-ce cela qu’on appelle l’amour en stéréo ?

 

L’homme idéal ? En voilà une question pertinente, je me la pose tous les jours. J’imagine qu’il est  peut-être sourd, muet, aveugle : il ne voit pas, n’entend pas que le monde est dangereux. On peut le protéger sans même qu’il le remarque. Qu’en pensez-vous ?

 

Qu’il est nécessaire de reconduire cette séance. Vous êtes grave, dans tous les sens du terme. Et nous avons bien des carnets à remplir !

 

 

Confession brodé le 9 mai 2011
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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