Trois Démons Chinois
Un, deux trois, tu ne les connaîtras point.
Un, deux, trois, mes petits démons chinois.
Ces démons chinois, ongles crochus, acérés, barbes en pics, glacées, s’invitent dans les rêves des petites filles au clitoris gonflé, oeuvrent dans la cyprine à l’éclosion des peurs.
Ils sont trois, trois démons chinois, trois démons d’un pays d’antan, qui veillent au grain sur le grain des photos d’autrefois, caressant de leurs membres griffus les peaux diaphanes via le canevas émouvant des ombres chinoises.
Ils sont là, à deux doigts
Ils sont là, sous ton toit
Tissent les fils du piège
Une musique sans arpège
Ils sont là, et sont trois, rodent dans le quartier, vaillants croquemitaines. A peine le soleil se couche qu’ils suivent des yeux la camionnette du marchand de glace, ivre de cette nuit qui tombe inlassablement dans la ville morne ; et les pleurs d’enfant sont de doux murmures.
Ils sont bel et bien trois
Pour peu que tu le crois
Qui sont-ils ? Les voilà,
Trois petits démons :
Un péché mignon !
Trois petits chinois ?
Montre ton minois !
De leurs langues volubiles – salamandres et serpents – il leur vient parfois l’idée de lécher les yeux révulsés des frêles demoiselles qui convulsent sous les drapées de fleurs, comme pour y chercher la goutte de l’extase ; elles auront des bandeaux comme autant de burkas, signe qu’elles sont nées au mal qui les enfante encore dans la tourmente exsangue du soir.
Ils sont trois, trois démons chinois, toujours sont trois, bien trop loin des bois, mauvais génies qui apparaissent une fois les lampes éteintes, et promènent leur hampe sur les peaux frémissantes des garçons trop sensibles. Voilà que les poils se redressent, un souffle glacial se fait sentir sur la nuque, malgré la fenêtre fermée : les voilà qui pénètrent ta nuit, sanctuaire de ton inconscient maudit.
Ils sont là, à deux doigts
Ils sont là, sous ton toit
Tissent les fils du piège
Le plus beau des manèges
Texte invoqué le 12 août 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :
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