Eloge de la Médiocrité
Etrange addiction que celles provoquées par ces jeux vidéo sommaires conçus pour les smartphones et tablettes, brandissant des modèles prétendument gratuits et nauséabonds : est-ce la frustration d’un contenu bloqué, distribué au compte-gouttes, qui motive à jouer à ces productions souvent peu inspirées, terriblement génériques, à usage ultra intensif, cependant que ponctuels ? Les superbes jeux vidéos complets vendus dans le commerce, conçus pour les consoles nécessitent a priori un investissement en temps plus important, bien qu’ils aient ma préférence, ne me suspendent pas autant à leurs univers de plus en plus cohérents, leur gameplay aux petits oignons. C’est comme hésiter entre l’amour de sa vie et une multitude de catins des fanges qui vous font coucou, brandissant leurs utérus, avec leurs promesses sans surprises. Etrange paradoxe. Malédiction : c’est comme si, happé par le minimalisme et le masochisme, j’aimais perdre mon temps pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine, une expérience tant bâclée que bradée, troquant un Dostoïevski pour un magazine gratuit lambda, interchangeable et dans l’ère du temps. Il en va souvent, ainsi, des jeux de l’amour, à s’acoquiner à des relations qui ne peuvent être vécue pleinement, malgré l’attente de cette complétude idéale qui, sans doute, n’arrivera jamais. Il en va ainsi de l’hégémonie des sex friends, brevet déposé sur une pratique millénaire devenue monnaie courante. En attendant un réveil de ma conscience en demi-teinte, je me vautre dans ce plagiat éhonté qu’est Mole Kart, clone sous lexomil de Mario Kart Wii. Ce jeu, ma foi, a autant de vivacité qu’un gastéropode. Qu’il est bon, parfois, d’être médiocre : c’est une félicité de l’esprit quand il ne s’agit pas d’une habitude.
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