L’Heurt du Bilan
Le travail et les exigences de la vie moderne empêchent le cours naturel de l’écriture : que serait-ce si j’étais plus sociable, courant comme autrefois les fêtes sans queue ni tête, abreuvé aux poisons sucrés, aux ritournelles superficielles de quidams branlants, poupées nonchalantes et alcoolisées ? Ces mirages décédés ne font plus office que de souvenirs et les gens que j’aime sont bien loin désormais. Dommage qu’il faille se tuer à la tâche pour tacher du papier, ce qui me fâche, c’est certain. L’aliénation, ce me semble, est la condition sine qua non qui permet d’accéder aux principes de liberté.
Seconde couche : l’ère des cocktails et des nuits brumeuses est loin derrière moi, les amours irraisonnés, fous, ne sont que bribes d’un passé enseveli, enterré, l’écriture fleuve est un mythe personnel désamorcé qui renaît, parfois, sous forme d’épilepsies. Les yeux dans le vide, je ne regarde jamais mes doigts courir sur la surface du clavier avec cette frénésie de pianiste. Cette mélodie que j’exécute m’échappe tout à fait, le contact avec le conscient est bel et bien rompu, nonobstant les architectures, les concepts et idées pensées en amont. Les nervures d’un chêne, les cicatrices d’un militaire n’empêchent pas le feuillage, le regard. Que reste-t-il du présent ? Un flot calme, continu – et son lot d’incertitudes.
250914
Laissez un commentaire