Billet

Acide Sulfureux

 

Plongeons dans la nuit qui nous déshabille
Plongeons dans la nuit sans retenue

En bons pantins qui lochent, aimants et disloqués
Breloques de chair
Assouvissons !

 

Quand tu seras sur ton char, je vais te charrier
Ma belle princesse dorée
Ma cendrillon joufflue aux pieds tout boursouflés
Mon amazone
Fais-moi frémir de tes merveilles
Ondule, frétille, ma frêle demoiselle

 

Je suis en liberté provisoire dans ton lit, je suis le mouvement délicieux des acariens sur l’édredon, j’épouse ton corps à la sauvette, mille et une fois,
je suis l’écume et le ressac, l’orage et la tempête
Quel est ce puits d’amour dont je suis sentinelle ?

 

Et quoi ? Ne pleure pas.
Je suis ton Nicolas, tu es ma Pimprenelle

 

Plongeons
Plongeons dans les abysses de ces désirs incandescents qui brûlent comme des cierges
En nos cœurs laciniés par nos vies dissolues, notre goût étrange de l’absolu
Nos yeux sont des vitraux où nous nous reflétons
Ne vois-tu pas poindre l’Orgasme ?
Le rythme et l’émulsion ? / Tes cris… la plus belle des prisons

 

Le vice assouvi, l’amour cadenassé, je demande une audience au bord du vide, sur le balcon,
fume une brune dont j’hume la toison ardente
Ma blonde est glacée, les lèvres tremblantes,
titube, dodeline : l’origine du monde me revient avec grâce

 

Son sexe en fleur impressionniste me regarde avec l’intensité d’un gouffre

 

Revois-tu ce monstre qui te désire, ce faune fendu comme un abricot, aux oreilles cloutées ? Le revois-tu, ce pan vicieux ? Tu disais n’en plus pouvoir de son haleine avinée, le goût tourmenté de son chibre mentholé. J’ai l’impression qu’il nous observe, qu’il entre en Nous comme un démon.

 

Trouverons-nous malgré tout une chanson, pour colorer notre passion soudaine ? Ton silence m’émeut : je retrouve la femme que j’aime, la mère nourricière, Gaia, une jolie petite sorcière. /
Pourquoi saignes-tu, poupée ? Tu trembles encore : aurais-tu froid ?

 
Au loin, dans le cri des sirènes, des enfants bicéphales me regardent et je plonge avec eux

 
 

Texte : Pondu le 29 décembre 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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Yann Frank
juin 26th, 2014 at 4:47

Superbe texte.
Tu peux être fier de toi.
Sois fier de toi.
L’écriture est parfaite, riche et maîtrisée.
J’attends de m’émerveiller, encore une fois, sur un autre texte qui parle – cette fois – de mes amours.
Avant de dormir, enfin, rassasié de tes mots.

juin 26th, 2014 at 11:58

Merci beaucoup pour ton commentaire et ces encouragements qui me vont droit au coeur, cela donne vraiment envie de continuer ! Que tes nuits soient douces.

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