Billet

Le Troisième Type / Sur Ecoute

 

Appel impromptu : conversation qui se noue, rencontre de deux garçons écrivant, pour un écrit peut-être vain, divin. L’attraction est réelle, plurielle et s’invente à mesure que les mots défilent, s’enfilent comme des perles. Derrière cela (et toujours derrière, c’est plus coquin, c’est plus « mystère ») un monstre s’invite : une respiration étrange s’immisce entre les silences, déforme la sonorité de certains mots qui enchantent : la respiration d’un tiers. Quelqu’un, semble-t-il, nous écoute. Quelqu’un, quelque part. Comme au temps jadis en faculté, dans la résidence universitaire, notre téléphone adoré qui, lorsque l’on devisait avec nos proches au lointain, nous laissait penser que nous étions sur écoute en permanence : un grésillement, une présence, trahissait un troisième larron. Concierge omniscient, marionnette d’Interpol ou popol lactescent en orbite sur la voie lactée ? Le mystère reste entier. Nous écrivons souvent des codes, par SMS, pour parler de sexe, de drogue, de confessions qui touchent au crime mais par téléphone fixe, avons-nous justement cette idée de travestir la réalité pour la rendre méconnaissable, insaisissable ? Qui traquerait cette affable Caroline qui, de fête en fête, disparaît avec la constance des dames blanches ? Un esprit éclairé prétendrait que ce monstre écoutant nos sémillantes conversations n’est autre qu’un mouvement de conscience qui prend corps dans la matière pour mieux s’emparer de notre esprit : c’est le son du péché qui vitupère et serpente ad nauseum pour effrayer l’âme, ou ce qu’il en reste.

 
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Mister Freak
juillet 23rd, 2017 at 8:45

C’est assez terrifiant. Je ne vais plus oser communiquer. Quel monde horrible quand on y pense. Autrement, le texte s’écoule limpide et beau, comme d’ordinaire.

juillet 23rd, 2017 at 11:34

J’en ai très rarement parlé mais en chambre universitaire, lors de ma troisième année de fac, j’avais l’impression que quelqu’un écoutait nos conversations, il y avait toujours un petit grésillement et un son de respiration. J’essayais de les réduire au maximum, ça me stressait. Personne dans l’étage ne me croyait… Heureusement, cette année-là, le portable a commencé à immerger, avec sa tronche de bébé talkie walkie.

Coucou73
août 23rd, 2017 at 9:19

 » Concierge omniscient, marionnette d’Interpol ou popol lactescent en orbite sur la voie lactée ?  » ==> J’ai souris.

août 25th, 2017 at 7:14

Héhé. Le pire c’est que ça me fait rire aussi. J’avais complément oublié que j’avais écrit ça. 😉
A bientôt voisine.

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