Billet

Déliquescence : l’Amour Amer

 

Je me suis perdu dans l’ombre d’une femme, rassurante et sincère, toujours en demande de cet amour de conte, exquise et mélancolique gourmandise. Elle m’a dit, vipérine : que ferais-tu, si je n’étais pas là ?

 

J’irais te cueillir quelques fleurs, composer un bouquet, les activités de poètes, quoi. Je te chanterais avec des mots, (les mots d’un autre), des mots éternels : peu de lettres suffisent à décrire les mouvements du cœur. J’ai bien vu que son sourire dissimulait quelques inquiétudes et ses charmes légers dépérir aussitôt.

 

Iras-tu voir une autre, si jamais je mourrai, balbutia-t-elle enfin, avec ce regard de jeune femme effarée ? Que lui dire si ce n’est qu’au fond l’amour est fort peu de chose face aux mouvements élégants de la vie ?

 

Texte écrit le 27 décembre 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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Yann Frank
juin 30th, 2014 at 6:09

« L’amour est fort peu de chose face aux mouvements élégants de la vie ? »
C’est une question de point de vue ! Moi je suis comme la femme, je rêve d’un amour de conte et ma quête reste vaine. J »ai probablement tort mais je ne peux m’en empêcher.

Comme tu vois, tes textes suscitent la réflexion et même l’introspection. Celui-là m’a touché, ce duo mal accordé me fait m’interroger. Et si j’avais tort ?

Le débat intérieur est lancé.

juin 30th, 2014 at 8:24

Les amours de conte sont beaux mais terriblement figés, acquis : m’est avis que si l’on savait d’avance, la saveur des choses, des relations, serait tout autre et probablement fade, sans surprise. Parfois, dans un couple réel, il suffit d’un rien pour ébranler ce qui est construit !
Quant au texte, c’est là encore une question d’interprétation : a mon sens, c’est devant son insistance a elle qu’il souhaite répondre cela. Mais le pense-t-il seulement ? Et le dira-t-il : c’est hors champs que ça se passe. Et puis, peut-être souhaite-il mettre simplement fin à cette conversation car il n’envisage pas de la perdre. Vu sa première réponse, c’est peut-être une sorte d’amour de conte. Va savoir 🙂

Yann Frank
juin 30th, 2014 at 9:07

C’est vrai que c’est sujet à interprétation. Moi j’ai ressenti ton personnage principal (pas ton héros, lol) comme quelqu’un de terriblement désabusé, revenu de tout, ne croyant plus en rien.

Après, c’est ma liberté de lecteur, je me le suis approprié comme ça, et ça fait sûrement écho à mes propres obsessions.

Ah, Nicolas Ravière, l’écrivain qui fait réfléchir !

juin 30th, 2014 at 1:31

C’est une intéressante lecture Yann. Je le vois plutôt comme quelqu’un d’amoureux, passionné mais qui a fait le sacrifice d’une part de lui-même, en somme : de sa liberté.
Si le texte fait écho en toi d’une autre façon c’est que c’est une fenêtre ouverte et pour moi ça vaut tout les compliments.

Ps : Il n’y a pas d’accent à Raviere, c’est une « francisation » orthographique de Javier 🙂 Insiste et je te noie dans la rivière 😉

Bisous du lundi

Yann Frank
juin 30th, 2014 at 3:11

Pardon, Nicolas Raviaire 🙂

Oui c’est un texte marquant pour moi, sans doute l’un de ceux que je relirai quand j’aurai davantage de clés pour te connaître/comprendre. Et que j’aurai évolué 🙂

Passe une bonne après-midi ou un bon après-midi puisque visiblement les deux orthographes sont acceptées.

Bisou du lundi au soleil qui est une chose qui ne changera jamais !

juin 30th, 2014 at 3:47

J’espère que si tu reviens plus tard et portes un regard différent sur ce texte, tu laisseras une trace : ce sera intéressant à n’en pas douter.
Sur ce, bonne évolution, comme les pokémons 🙂

Un seul Bisou ? Je prends, pourvu que M Ducisse ne pose pas ses yeux vitreux ici !
PS : savais-tu que la prononciation de Bisou s’écrit /bi.zu/ Voilà qui fait penser à Bézu et sa célèbre chenille qui a déridé bien des grands-mères. M Ducisse appréciera !

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