Billet

Haïku

 

Aube crépusculaire, je m’éveille dans les dunes, il prend l’ampleur d’un condor dans le ciel infini et s’évapore comme un parfum, inodore entre mes cuisses soleilleuses. Qui est-il ? Où va-t-il ? N’était-ce pas là une illusion ?
 

Je lui invente un mythe, entre douceur, prémices d’une nostalgie, et un prénom pour conserver au-delà de ses traits, de sa beauté, une existence de Livre : chaque lettre sera une sensation qu’il me plaira de ressusciter à l’envi, les soirs d’ennuis.

 

Enivré, je me surprends à l’aimer, déjà : comme il me manque à peine parti, alors qu’imprimé sur ma peau comme un tatouage, poétique rémanence. Quelle est cette chaleur diffuse que même la brise n’ébranle ? L’emprise de son ombre, sur l’échine.

 

Autour de moi, je regarde les ébats épileptiques de ces quelques crapauds bedonnants et de ces jeunes éphèbes informes qui font des grimaces de reines décapitées. Râle et rictus face à l’abîme. Fistules et grain de sable.

 


Texte écrit le 20 décembre 2013
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

 

Share Button
Mister Freak
juin 24th, 2014 at 8:51

Intrigué, incapable de mettre des mots sur ce petit texte. J’ai été traversé par une sensation de chaleur et des couleurs. C’est grave docteur ?
J’aime bien l’idée que tu postes des petits Haïku (pléonasme). On ne va jamais autant à l’essentiel qu’en usant peu de mots.

juin 24th, 2014 at 9:47

Non ce n’est pas grave, jeune homme 🙂 J’en suis très content : je ne connais pas ces symptômes qui m’intriguent. Généralement, ce sont plutôt des images (comme des photographies) qui s’imposent, accompagnées parfois de réactions épidermiques comme lorsque quelque chose d’inconnu nous touche, si tu vois ce que je veux dire.

Tout à fait d’accord avec toi sur l’essentiel avec peu de mots : ça fait penser un peu à une sorte de flèche, sortie d’un carquois, qui va droit vers son but (ou pas). Avec ton commentaire, c’est comme si le pari était réussi.

PS : Tiens, rien à voir, si tu ne l’as pas déjà lu : http://www.nicolasraviere.com/un-drole/

Sexy Scribe
juillet 5th, 2014 at 2:28

Je suis revenu lire ce texte, dont j’aime le chant des mots. Tes cuisses soleilleuses me font rêver !

Plus sérieusement, l’inconnu sur lequel on fantasme, auquel on prête un vécu, des qualités, celui dont le physique se prête aux envies d’amour, je connais, il bosse à une rue d’ici et je l’appelle Ben. Il tutoie la perfection, c’est ma licorne mâle à fantasmes amoureux. Je l’invoque souvent.

Mais je dois parler au passé, car Ducisse depuis son arrivée à bousculé ma vie entière !

Mais recentrons-nous, Haiku est un formidable texte, à l’écriture parfaitement maîtrisée. Une réussite. Encore !

juillet 7th, 2014 at 8:43

Haïku… Ce texte, sans doute à l’abandon, et son auteur, un poil abandonné, te remercient pour ce commentaire comme retrouvé. Le ciel, le vent, le sable, dans un même mouvement, condamnent le fantasme à son existence : c’est, sans doute, la plus exquise de toutes les prisons quand l’amour éternel se fige dans l’instant.

PS : Ben, le Ben ? Ben Gibson ? Le symbole même de l’amour impossible, voué à disparaître ?
PS2 : Il est temps de rétablir la vérité : les Licornes ne sont que des poneys avec un cône de fête greffé sur le front. Seuls les enfants encore purs sont autorisés à monter dessus.

Calystee
septembre 23rd, 2014 at 11:17

Je me souviens avoir déjà lu ce texte et l’avoir alors beaucoup aimé. Le ressenti reste le même aujourd’hui.

septembre 24th, 2014 at 7:44

C’est bon signe alors ! Merci pour ce commentaire Calystee ! Bisous from the tram

calystee
mai 22nd, 2017 at 5:32

Vivement de nouveaux textes ! Je les attends depuis longtemps avec impatience !

mai 22nd, 2017 at 5:37

Il y en a des nouveaux depuis février à un rythme d’environ un par semaine (alternance carnets aviaires et journal), j’ai juste mis en avant quelques anciens articles, peut-être un peu trop en avant du coup 😉

Laissez un commentaire

theme par teslathemes