Billet

Infidélité Virtuelle

 

Dragueur, maître, faiseur d’esclaves imaginaires, tu reviens à la charge dans l’anonymat délétère des réseaux sociaux. Ton homme, lequel semble charmant à bien des égards, doit être loin ou bien ne te désire-t-il plus avec la même audace : les pulsions s’effacent peu à peu sous l’influence des matins gris. Las, tu t’ennuies des chairs, du parcours délétère d’un couple semble-t-il charmant, tel qu’immortalisé sur les photographies que tu brandis sans relâche. Ou bien ne sont-ce que des fantasmes suggérés par une consommation colossale d’œuvres pornographiques, une vie rêvée de fange ? N’est-il pas humain de penser, à l’ombre d’une hybris farfelue, que le jus d’herbe est plus délicieux chez les voisins ?

 

Malice : tu me proposes d’humilier mon homme, de l’attacher contre un radiateur. L’idée est séduisante : je propose d’allumer celui-ci au maximum. Sous ce sadisme apparent se cache en réalité quelques relents d’altruisme : la chaleur suffocante provoque cette langueur sexuelle qui pousse à l’orgasme, à la perte de soi. Loin des questionnements sur la fidélité puisque tout ceci se présente comme un jeu virtuel, je me laisse aller à ces images dont je dessine la puissance, supprimant tous les plans agaçants qui me démotiveraient lors de la vision d’un porno : exit le clic sélectif.

 

Confession : ce monde où tout est possible, tissé de mots, de râles et de fautes d’orthographe, monde qui se crée sur la fenêtre poussiéreuse d’un écran, m’appelle à lui, m’attire comme le chant de la sirène : cette attraction folle, si directe, amène bandaison et la bandaison, très chère sœur, est l’ennemi du péché, qui n’est plus conçu que comme passe-temps. Et puis voilà qu’il propose pour une double excitation une séance de double plug : homonyme lié à moi par la ficelle.

 

Dérive : je nous imagine, allant chacun de son côté : homonyme désire répondre à un SMS d’un collègue de travail et moi, attiré par les plaisirs du ventre, je fonce vers le placard en quête d’un carré de chocolat. Le grotesque de la situation, que j’imagine derechef sur mon écran mental, condamne le semblant d’érection qui déformait mon boxer. Le fantasme s’est tué de lui-même, éteint, et la fenêtre avec elle : l’écran s’abat sur le clavier d’un geste nonchalant. Nul besoin d’une douche pour effacer les stigmates du péché.

 

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