Billet

Roman Sans Cocaïne

 

Dans tes bras la guitare comme une amante décharnée pleure crispée une ancienne histoire d’amour qui fait vibrer les murs, et ton cœur saigne au fil de la mélodie qui s’égrène comme un chapelet enclos dans des doigts ridés, et osseux.

 

Lamento sur le canapé ; tes yeux par delà la fenêtre, noyés dans l’infini, s’égarent entre les gouttes de pluie. Tu repenses à elle, qui dansait sous l’arc en ciel, sous les cascades du jet d’eau : les prémices d’une muse. Son corps mouillé, transi de froid, quand elle s’est réfugiée dans tes bras, il y a trois étés, pour tout dire : une éternité.

 

[Ses petits seins fébriles et puissants, comme deux diamants.]

 

Comme tu l’aimais, Amandine, une femme pour toi, de celles qui volent les cœurs et s’en vont à jamais pour s’inscrire ad vitam dans la chair, plus belle encore dans la mémoire qui la ressuscite chaque fois ; la légende des abandonnés, la muse des foudroyés.

 

Cette chanson est pour elle, comme toutes tes chansons : l’histoire d’un jeune homme touché par la grâce acariâtre d’une brune incendiaire : une ode au désespoir, un spleen languissant de garçon fragile ; nous ne l’écoutons plus à présent car Michael disparaît peu à peu de nos vies : nous nous en allons tout comme elle, fuyons cette dépression sirupeuse qui file à l’obsession.

 

(Même si tu étais coincé, tu étais un bon pote, avant l’arrivée de cette salope.)

 

Roman sans cocaïne, sans rock, ni amphétamine : la vie est déprimante pour ceux qui aiment, les sempiternelles victimes de l’amour, cette invention sordide plus fade encore que l’eau fraîche, la vie est morne, triste et douloureuse, ne mérite pas d’être vécue. Qui donc s’amouracherait, avec un gramme de cocaïne, d’une bru peu charmante, sans attribut mammaire, appelée Amandine.

 

Texte composé le 23 septembre 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

Acheter Au Bonheur des Drames

Share Button

Vous aimerez peut-être :

  • Job et les Pro Fêtes   Du bruit, du bruit qui se fait et je n’en puis plus. Le tintamarre, la cacophonie : n’y décèle point une pointe d’ironie ! Certains sont branchés barbecue, d’autres macaronis, […]
  • Le Concret, l’Invisible   Elle avait des yeux de malade, ce qui me rassurait. Son corps envoyait du pâté : ce qui me rassasiait. C’était sans doute elle, la femme parfaite : le profil d’une gagnante, […]
  • Kevin et Raoul   Kevin et Raoul, leur fastidieuse histoire d’amour me saoule. C’est une amourette assassine qui hante les traboules, un récit sans saveur, ni ciboule : ils se sont rencontrés à […]

Laissez un commentaire

theme par teslathemes