Billet

Un Champ de Fantasmes

 

Parfois, tu penses que la seule chose dans la vie qui te manque c’est un admirateur secret, un détraqué sexuel notoire ou bien, option des plus communes que tu caresses en rêve, un ex revanchard qui s’ennuie dans la vie, plus encore que toi, jusqu’au point de te chercher, toi, dans ton trou, afin de t’emmouscailler, heureuses resucées.  
 
Tu brodes parfois, vers vingt-deux heures, trente minutes et dix secondes – et le dimanche, toujours le dimanche, à l’heure des goûters de fruits – maints fantasmes incandescents qui font chanter tes muqueuses et musclent tes doigts grossiers, oblongs féculents qui rampent, voraces, sur la surface crapuleuse de ton corps gras :
 
Des pompiers musculeux par centaines émeuvent la gravité avec des lances vertigineuses
Les gendarmes, viriles assistantes sociales des drames, fleurissent, sereines humiliations pour huit clos humides, matraques huilées, turgides et puissantes pour t’incarcérer dans leur monde jovial et trépidant
De rustres agriculteurs, péquenots penauds et musclés, jeunesse encore fiévreuse, t’invitent sans scrupule dans des granges miteuses quand vient le crépuscule – la sueur, l’odeur du bouc t’enivrent alors jusqu’à la déraison
De jeunes prêtres tiraillés par leurs hormones et des promesses ringardes, quand ils n’achèvent pas l’innocence jugulée de leurs pairs, te soumettent au jugement dernier, féroces bourreaux célestes
Et même, parfois, pour conjurer la redondance, sont invoqués quelques scouts, ces francs maçons de l’inutile : dégourdis comme des adolescents attardés, ces Peter Pan absurdes travaillent des nœuds, l’œil torve et pervers : tu décimes cette jeunesse écoeurante par vague, l’écume amère qui te conduit au dégoût suprême : orgasme sismique, et mécanique
 

Parfois, le téléphone pleure une sonnerie cocasse : serait-ce la manifestation paranormale d’une amitié ? Personne au bout du fil, une respiration suspecte,  spasmodique et guignolesque, comme dans les films, ta nourriture spirituelle : les films d’horreur, les films pornographiques, les séries B, les séries Z, émulations de seconde zone, pour émulsion de toutes tes zones, intimes assurément. Serait-ce là la promesse d’un amour tangible ou d’un meurtre risible, la possibilité, enfin, d’ancrer ta vie dans une histoire concrète, une fiction palpable dont tu serais l’héroïne ? Comme tu jubiles alors – GLOIRE AUX FAUX NUMEROS !

 

Texte fantasmé le 17 janvier 2012
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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février 8th, 2012 at 10:54

Et les bûcherons? Et les camionneurs? Votre liste n’est pas exhaustive, mon cher! Mais peut-on l’être quand il s’agit de fantasmes? 🙂

février 9th, 2012 at 1:42

Non, il en manque beaucoup, car, comme tu dis la liste n’est pas exhaustive. On a pas tous les même, j’ai mis ce qu’il me semble être les plus courant (pompier, policier), je plus tordu (homme d’église) et les scouts pour l’humour. Ca fait déjà une belle brochette. Les bucherons : hummmm ! Bon, je te laisse les camionneurs ^^

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