Annecy et l’Indécis
Malgré la pluie, le cœur léger. Homonyme me manque, en filigrane de ce séjour à Annecy, un presque sans faute que le retour, faute à une chute éthylique, a failli obscurcir : son air vague, sa démarche titubante m’effraie toujours davantage lors même que, dans cet état d’ébriété qui rend les connexions pénibles, lui est capable malgré sa mollesse légendaire de faire son lit, ce qui n’est pas mon cas. Quelques jours auparavant, sous le joug d’un vin blanc bio, j’aurais proféré à son encontre quelques injures obscures et des mensonges saisissants dont je ne me souviens pas. Soit ! Qu’il tremble donc un peu : finalement, il pourrait comprendre un jour cette peur irraisonnée de la viande soûle qui n’obéit à aucune logique humaine. Repassons-nous le film de ce week-end, avant que n’éclate cet orage étouffé dans l’œuf. La beauté pimpante de la vieille ville, la bienveillance et le sourire des autochtones renvoient de Lyon une image d’usine infernale, quasi parisienne, pétrie dans une violence absurde griffonnée dans l’ombre de nos pas. Une partie de moi, de plus en plus décidé, aimerait quitter au plus vite cette ville que j’apprécie de moins en moins – quel désamour ! – mais ma lucidité me condamne à l’attente, malgré cette irrépressible envie de grand air, de lac, de montagnes. Quoiqu’il en soit, mon nouveau travail empêche toute décision hâtive qu’il serait possible de regretter, ainsi que toute perspective de liberté. Il est possible que derrière le lac, la montagne, se cache une prison de laquelle il ne serait plus possible de s’échapper : cruel châtiment pour un loup qui, de sa vie, n’a jamais rejoint de meute.
200714.1
Curieux que tu ressortes ce texte, enfin non, c’est juste que c’est drôle vu la discussion que l’on a eu il y a peu. Tu y es, finalement, dans ta montagne, la grande geôle dorée qui touche les nuages. Au fond, quand on a les nuages, on n’est jamais vraiment prisonnier…
A part ça : Lyon m’attire depuis un moment, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai souvent l’envie d’y aller. Mais, ce qui est drôle, c’est que dans ma tête je fais la comparaison que tu as faite dans ce texte : c’est presque Paris. Avec peut-être tout ce que ça comporte comme nuisances.