Billet

Considérations sur le Mulot

 


C’est tout pti un cerveau de mulot, si petit que ça peut jaillir de ses oreilles et s’en aller pour toujours. A jamais. Qu’importe, me disais-tu, si ce micro cerveau s’échappe de sa nano boite crânienne en surchauffe : le mulot est capable, mus par ses réflexes vaillants, de survivre quelques instants sans son cerveau : réflexes moteurs, et voilà qu’il se transforme en turbo mulot. Y a-t-il, finalement, une différence ?
 
Il paraîtrait que cette créature souvent affolée voit des couleurs, surtout la couleur rouge. Plus déterminé que jamais, électrisée par son néant, allant toujours plus loin de son cerveau qui luit contre le goudron, elle brave les éléments, elle bat le bitume, toutes pattes dehors, pour échouer contre un mur, dans une impasse : c’est ce que font les mulots, sans cesse, les uns après la autres, ils échouent. Et ils le font bien. – notre mulot écervelé n’a d’ailleurs jamais été aussi rapide ! On dirait même qu’il voit rouge et qu’il se révolte contre l’ordre du monde. C’est tout mignon, ou flippant, c’est au choix.
 
Mais… les mulots vivent dans les champs, intervient Thierry, qu’on appelait face de souris (l’adolescence est un passage pénible pour certains) : ils foncent dans des fermes, dans des granges, se ruent sur les roues gigantesques des tracteurs, ou bien se font-ils bouffer tout cru par des chats plus agiles, ou quelques rapaces patients qui passent par là, en quête de rat qui passent ? Non ? Enfin, je crois. C’est dodu un mulot, mais pas de quoi se repaître. Chats et rapaces doivent être déçus.
 
Mulots des villes ou mulots des champs, ils devraient être domesticables, ces petites bêtes inconscientes. Elles font n’importe quoi, vraiment ! Ne croyez-vous pas qu’elles seraient mieux dans une cage, non, à tourner dans une roue en l’échange de quelques morceaux de fromage ? Elles mériteraient de telles vacances, car elles vont franchement n’importe où, ces bestioles-là, et font vraiment n’importe quoi : à croire qu’elles sont toujours à la recherche de quelque chose.

 

 
– De leur cerveau, probablement. 

 

Dessin : Mulot croqué en janvier 2012.
Texte : le 31 juillet 2012.
Ce texte fait partie de l’anthologie Au Bonheur des Drames :

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août 15th, 2012 at 9:24

Beaucoup d’infidélités à ton blog cet été: voyages, fatigue, soirées… Je vais sans doute bientôt reprendre mon rythme de croisière et lire tout ce que je n’ai pas lu. Envie d’un petit coucou ce soir. Tu vas bien?

août 17th, 2012 at 11:45

C’est toujours bon d’aller voir ailleurs 🙂 Je ne me prive pas non plus (héhé), c’est la saison qui veut ça. Ici tout va bien, c’est la farniente totale, la vie est un fleuve tranquille (contrairement à l’écriture, victime de la canicule), tellement tranquille que je n’ai même pas fait un seul tout le monde dehors et c’est bientôt la fin. J’aurais bien aimé « partir » un peu cette année, sans doute l’année prochaine. Pour l’heure, je suis en mode tétard. Et toi, comment vas-tu ?

août 18th, 2012 at 11:20

Ça va bien, merci. Ça a été des vacances comme je les aime: à part la semaine à Rome, des petits sauts de puce: Jura, Cantal, Ardèche, bientôt Savoie… J’en ai besoin pour ne pas me sentir emprisonné par la maladie de ma mère. Et puis bouffe, alcool, soirées sympa, farniente (comme toi), et comme toi aucun spectacle de Tout l’ monde dehors, pour la deuxième année consécutive. Ce qui me pèse, c’est la rentrée des classes, probablement la dernière pour moi, ce qui, paradoxalement, m’emmerde encore plus: je n’ai plus envie.
J’aime te retrouver régulièrement, dans cette blogosphère qui ressemble de plus en plus à un cimetière. On est tenace, nous au moins! Je t’embrasse, si tu permets, bien sûr!

août 19th, 2012 at 12:34

Pour la blogosphère, ça va faire qu’empirer, avec l’emprise des réseaux sociaux. Je poste nettement moins (faut dire que je suis aussi souvent chez mon Jules, où je n’écris guère). Toi, tu tiens vraiment puisque tu as toujours la même cadence, franchement, je ne sais pas comment tu fais.
Je constate que tu vois du pays : c’est bien ça tu dis, ça change les idées ! Il va falloir que je lise tes comptes rendus. Pour tout le monde dehors, je pense qu’on a pas raté grand chose quoiqu’il en soit et puis, je sais pas toi mais j’ai constaté que Lyon était moins déserte ce mois d’août que les années précédentes donc mieux vaut s’échapper peu.
Peut-être cette « dernière » année changera-t-elle la donne ou enfoncera-t-elle le clou : tu verras bien. Ensuite, ce sera, peut-être, la liberté. Un concept tout aussi effrayant !

Bon courage pour ta mère ! C’est pas évident, très difficile, j’ai une pensée pour toi et elle.
Je t’embrasse aussi.

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