Alors qu’elle récurait avec une dévotion inébranlable les toilettes dorées d’un cinq étoiles dont nous tairons le nom, Lupita Martinez reçut un appel d’une importance capitale sur son téléphone portable préhistorique : sa baby-sitter et jeune sœur, Maria, avait capitulé et décidé d’abandonner son monstre de fils à son propre sort. Elle l’amènerait à
On va dire que j’suis jamais content, ouais, j’aime bien ronchonner, et alors ? Dans le quartier, j’suis connu pour ça, depuis toujours. On m’appelle Raoul le pas cool. Quelle imagination de merde, les gens… Ils ont que ça à foutre… donner des surnoms débiles. Qu’ils s’occupent de leurs vieux culs pleins d’merde ! J’aime
Acte 1 Ô toi l’auguste voyageur qui, dans l’Odyssée écumante du Bradbury, te perdras sur ces pages, je vais te conter l’histoire d’Orphée l’Argonaute, poète et musicien voué à Apollon, perdu à jamais pour l’amour de sa tendre Eurydice. Après la mort de cette merveilleuse dryade qu’il combla de baisers et de douces
Collectionneur devant l’éternel, Isaac Ackermann voyageait beaucoup, à la recherche d’antiquités diverses et variées, quadrillant la France pour dénicher de quoi peupler sa boutique et s’envolant parfois vers d’autres cieux – des métropoles étrangères – quand il s’agissait de satisfaire son curieux penchant. Son bazar raffiné, réputé pour son goût exquis et son
Chaque année, Magalie regarde comme plusieurs millions de téléspectateurs une émission sémillante, sexy comme la raclette et bavarde comme fluide glacial, à la recherche d’une créature adipeuse à son goût. #ADP n’est pas la contraction d’adipeux, mais les initiales de L’Amour est dans le pré, programme pas très chic – mais souvent choc –
Sous un ciel morne et infini, dans cette chaleur poisseuse collée aux épidermes luisants, laissant derrière lui ce panorama géométrique d’immeubles froids, d’une laideur peu commune, le Tokpa-Tokpa quittait enfin la sinistre Cotonou, déviant dangereusement vers Godomey et ses autoroutes grises, alors que le soleil tapait, puissant, stoïque en son zénith. Kadjola, tête baissée,
Morte, la planète bleue ? Dans un nuage de poussière, des volutes grises à perte de vue. Tourbillons, vents puissants, courants d’air chauds. Electricité, tonnerre, foudre : architectures en ruine, crevasses dans le macadam froid, goudron aux zébrures profondes – entrailles béantes de la planète en proie aux destructions. Tôles des voitures en dominos : de la
Souvenirs d’enfance quand le crépuscule tombait sur le village, oncle Dossou nous racontait le monde des Lwa, de l’invisible autour de nous, face au ciel serein, dans la pénombre d’un acacia. « Les Lwa sont partout, ils nous observent ! » entonna oncle Dossou en frappant de sa cuillère en bois une calebasse,
Vois-tu, je suis perdue dans la forêt obscure ! Vois-tu, je t’ai cherché, toi et ta confiture ! Vois-tu, j’ai rigolé, devant ton petit cul ! Je ne vais pas pleurer de l’avoir vu si près, D’en avoir contemplé la sémillante raie. Tu m’as touché, chérie, de tes mains, de ton cul.
L’absence de connexion internet est une restriction, voire une aliénation : aucune porte ouverte sur l’extérieur, disparition des univers possibles. Ma pensée comme indépendante de ma volonté, en roue libre loin des voyages factices que l’outil informatique peut proposer, se condamne dans des boucles condamnables, sans variables équivoques : des hypothèses qui se rasassent, qui prennent
Par un matin de printemps, Michael, jeune éphèbe, cadre dynamique, gendre idéal, mais bien trop malicieux pour se caser, étendit son corps musculeux, les yeux violentés par la lumière du jour qui filtrait au travers des persiennes. Les oiseaux gazouillaient, mille petites ritournelles agaçantes. Son réveil menaçait de tonner. Il le pressentait, jamais ne